3 660 mètres. C’est l’altitude exacte de La Paz, ce qui en fait la capitale (administrative) la plus haute du monde. 3 660 mètres, c’est aussi une altitude à laquelle on est vite essoufflé et à laquelle…on se sent vieux, même si on ne l’est pas ! La ville, située dans une sorte de cuvette entre deux montagnes, est faite de rues et ruelles pentues. Heureusement le corps s’habitue avec le temps et on peut marcher sans s’arrêter souffler toutes les 5 ou 10 minutes. Heureusement que je ne suis pas fumeur !

Une rue de La Paz, la capitale la plus haute du monde (3 660 mètres)
Dès le premier jour, Patty, une copine Brésilienne arrivée avec moi en Bolivie, souhaite faire un tour organisé autour de La Paz avec des Brésiliens rencontrés à l’auberge de jeunesse. N’étant pas friand de ce type d’excursion, je fais ce que je préfère lorsque j’arrive dans une grande ville : déambuler dans les rues, ruelles et marchés de la ville. M’asseoir et observer les gens, une activité au combien intéressante dans les endroits ou les us, coutumes et cultures sont différents. Je prends plaisir à flâner dans les rues, au milieu des Panéciens (habitants de La Paz), à l’écart des marchés touristiques situés nettement plus bas dans la ville. On trouve de tout sur ces marchés : des fruits et légumes, du pain, des grands sacs plastiques, des boites en plastiques, des biscuits, du thé, des balais, des éponges, de la viande, des vêtements, des céréales, etc. Bref, de tout, et dans le désordre, même si par endroit les rues sont plus spécialisées. De temps à autre passe un homme, courbé en deux, un énorme colis sur le dos, criant « permission » pour que les gens s’écartent et le laissent passer. Hommes, femmes et enfants, tout le monde laisse alors le passage libre, comme un soutien au porteur.

Un homme transportant des marchandises à même le dos sur un marché de La Paz
L’air est frais, l’altitude limite les hausses de températures. Cela faisait longtemps que je n’avais pas eu un marché si peu odorant –contrairement à ce que j’ai souvent rencontré en Asie ou au Brésil-, je m’en étonne lorsque je passe devant d’imposants morceaux de viandes à l’air libre. Je profite d’être seul pour déjeuner dans un petit « boui-boui ». Entrée, plat, dessert pour 1,3€, cela en fait l’un des repas complet le moins cher de mon séjour Bolivien. Mais ça restera aussi et surtout l’un de mes meilleurs repas, pas au niveau de la qualité de la nourriture, mais en terme d’ambiance et d’intégration à la culture locale. Le restaurant est sans fenêtre, bruyant, petit, je partage donc ma table ronde avec un Bolivien qui, je dois l’avouer, me rappelle certains repas en Chine, notamment par la rapidité, la tenue courbée et le bruit lorsqu’il mange. Il laisse rapidement sa place à une mère et sa fille, elles me regardent amusées : qu’est ce qu’un grand blond fait dans notre petit restaurant ? J’offre mon dessert –une gelée- à la jeune fille. Ca semble lui plaire, super, ce dessert fera une heureuse !

Sur le marché de La Paz, on trouve tous les types de produits
Une grande partie des femmes de La Paz est habillée avec les habits traditionnels : de grandes et larges robes, des ponchos, un sac coloré sur le dos et un chapeau. Les cheveux, quant à eux, sont coiffés par deux grandes tresses, souvent réunies à l’extrémité. Les jeunes femmes, elles, semblent peu poursuivre ces traditions vestimentaires et capillaires, elles sont souvent habillées en jeans.

Des femmes en habits traditionnels à La Paz
En étant située à plus de 3 600 mètres d’altitude, La Paz offre logiquement des activités sportives d’altitude, la montée d’un mont s’élevant à plus de 6 000 mètres est un exemple, je n’aurai cependant pas le temps de m’y essayer. Une autre activité locale est la descente en VTT. Et ce n’est pas n’importe quelle descente puisque qu’il s’agit de la descente de « la route la plus dangereuse du monde » (en anglais, la WMDR, « The World’s Most Dangerous Road »), d’après la Banque Interaméricaine de Développement. Aussi appelée « route de la mort », son nom vient du fait qu’en moyenne 26 véhicules basculent dans le vide chaque année. Cette route historique a été remplacée voici quelques années pour le passage des camions et voiture, la « route de la mort » est désormais utilisée essentiellement par les cyclistes. Mais là aussi de nombreux accidents mortels sont à déplorer ces dernières années. Bref, derrière ces noms et ces chiffres, se cache en réalité une descente de 64 Km très sympa, avec un dénivelé de 3 600 mètres (départ de Cumbre, à 4 640 mètres). Il y a bien sur quelques passages où il est fortement conseillé de ne pas tomber, mais dans l’ensemble je n’ai pas trouvé ça aussi dangereux que ce que l’on dit (je suis en train de casser le mythe, désolé !). Cela a en tout cas été l’occasion de réaliser un parcours très joli en vélo à travers les montagnes. Et comme la route descend, ce n’est pas bien fatiguant (à part pour les bras à cause des vibrations) !

Traversée d’un cours d’eau lors de la descente de la « route de la mort » à La Paz
Changement total de décors ensuite puisque nous avons pris la direction du lac Titicaca. Situé à 3 812 mètres d’altitude, on le présente comme le plus haut lac navigable du monde ; il est divisé entre la Bolivie et le Pérou. Avec Patty et Nicole, une autre copine Brésilienne qui nous a rejoint, nous nous sommes rendus sur l’Ile du Soleil (« Isla del Sol »). Pour beaucoup d’Aymara et Quechua péruviens et boliviens (peuples Amérindiens du Pérou, de la Bolivie et du Chili), l’ile constitue le berceau de plusieurs êtres vénérés, tels que le soleil.
Que le soleil y soit né ou pas, l’île du Soleil est un endroit agréable ou il fait bon y prendre son temps. Prendre son temps justement, c’est naturellement la première chose que l’on fait lorsqu’on débarque par le sud de l’île, ou l’on doit commencer par monter d’environ 200 mètres d’altitude pour trouver un toit ou passer la nuit. Et grimper de (seulement) 200 mètres lorsqu’on a un gros sac sur le dos et qu’on est à près de 4 000 mètres au dessus du niveau de la mer, ce n’est pas quelque chose qu’on fait en courant !
Une nouvelle fois nos chemins se séparèrent rapidement avec Patty et Nicole. Après une petite nuit sur l’île elles embarquent avec un groupe d’Argentins pour rejoindre, par bateau, le nord de l’île puis l’ile de la Lune. Elles rejoignent ensuite Copacabana (située sur la côte) qui, je dois le dire, n’a pas grand-chose à voir avec la célèbre plage de Rio de Janeiro. De mon côté je rejoins le nord de l’île à pied, par la crête. Le temps est malheureusement couvert, ne me permettant pas d’apprécier totalement les paysages constitués de l’ile, de l’eau bleue du lac et de la Cordière Real au fond. Le retour par les différents villages sera quant à lui un vrai bonheur. Nous sommes un mercredi et c’est, avec le samedi, le jour des mariages et autres cérémonies. Le premier se déroule sur le terrain de sport du village, réunissant une douzaine de femmes, assisses par terre à discuter, boire de la bière et mâcher des feuilles de coca. Les hommes, eux, sont assis sur un muret, avec les mêmes occupations… Entre les deux, une table décorés. Les mariés, de leur côté, n’étaient pas encore présents, un homme m’a indiqué qu’ils étaient en train de déjeuner et il ne savait pas à quelle heure ils allaient revenir. Au milieu et autours de ces adultes, les enfants jouent, certains ont sortis leur plus beau costume.

Des hommes discutant lors d’une cérémonie sur l’Isla del Sol, Lac Titicaca
Le manque de prévision pour le retour des mariés et mon besoin de me nourrir me poussent finalement à quitter les lieux. Un sandwich et quelques villages plus loin, de la musique m’indique qu’une autre fête a lieu. J’arrive en effet sur une grande place et découvre des dizaines de personnes sur la place centrale d’un village. Une femme m’indique qu’il y a deux fêtes simultanément sur la place : un mariage d’un côté et une « promotion » de l’autre. Cette seconde fête réunit probablement une cinquantaine de personnes : des musiciens, un groupe de femmes, toutes assises à même le sol et un groupe d’hommes, tous assis sur le muret de la place, face aux femmes. Je ne pourrai pas rentrer dans le détail de cette fête de « promotion » -mon espagnol est limité, surtout pour comprendre des personnes qui boivent des bières depuis plusieurs heures…- mais elle semble réunir d’importantes personnes du village. Les individus promus se voient attacher, sur leurs vêtements, des billets en signe de gratification.

Un groupe d’homme jouant de la musique lors d’une cérémonie (Isla del Sol, Lac Titicaca)
Régulièrement un groupe d’hommes joue de la musique tout en effectuant quelques pas de danse. Des hommes et femmes en profitent alors pour danser ensemble (soit un homme avec une femme soit deux femmes ensemble), tournant sur eux même tout en tournant autour des groupes de personnes.
Je passe près de deux heures sur cette place, savourant ce moment exceptionnel. Les gens sont heureux, passent du bon temps entre eux, discutant, rigolant et buvant de la bière. Et grâce à eux, je passe également un excellent moment. Assister à des fêtes authentiques sur l’Ile du Soleil, berceau de la culture Aymara et Quecha, je ne pouvais pas rêver mieux.

Des couples et des femmes dansent lors d’une cérémonie à Isla del Sol, Lac Titicaca
La pluie incessante me pousse, dès le lendemain, à reprendre la direction de Copacabana et de La Paz. J’aurai aimé passer davantage de temps sur l’Isla del Sol, mais même s’il a été créé là-bas, le soleil ne pointait pas le bout de son nez…
Hasta luego,
2 Comments
Ca a l’air génial cette expédition!! Tip top! 🙂
C’est toujours un grand plaisir de lire tes articles!! Tu nous fais voyager! Ce petit voyage avait l’air vraiment tip top!