Après deux jours à Hangzhou, je suis passé (très) rapidement dans un café dans lequel se trouvaient (entre autre) les membres de l’équipe de rugby qui venaient écouter Thomas, l’un des joueurs qui est revenu il y a quelques semaines d’une expédition au Pôle Nord. J’aurai vraiment bien aimé rester l’écouter car je trouve ce genre de défi génial, mais j’avais un train à prendre : direction Kunming. Vous pouvez le visualiser sur la carte de la Chine, ça fait un petit bout de chemin (Kunming est situé au Sud-Sud-Ouest de la Chine), plus de 35 heures de train sont au programme.
Dans un souci d’économie comme de sécurité pour mes affaires, j’avais choisi la couchette supérieure, celle qui a le moins d’espace en hauteur. Vu ma taille, je m’attendais à souffrir un petit peu…
Les 15 ou 20 premières heures sont passées tranquillement, en solitaire. J’ai bien essayé de discuter en anglais ou avec l’intermédiaire de mon guide de conversation avec les personnes de mon compartiment mais elles n’étaient pas très bavardes. Il faut dire que mon compartiment s’est transformé, de 7 heures du matin à 16h00 en salle de jeu de cartes. 5 à 6 hommes jouaient en discutant très fort (ils sont bien chinois !) en essayant de fumer des cigarettes…mais je leur demandais à chaque fois de les éteindre (c’est interdit de fumer sauf entre les wagons, qu’il est embêtant ce français…mais une jeune fille me remercia discrètement car elle était gênée mais n’osait rien dire). Cette même jeune ne parlait pas un seul mot d’anglais et avait plutôt tendance à me regarder bizarrement, pas évident de créer la discussion ! Au milieu de tout ceci, j’observais chacun, admirais le paysage, lisais mes guides pour prévoir les prochaines semaines et écoutais de la musique. Rien qui, en soit, soit extraordinaire, mais pourtant j’appréciais vraiment ces moments dans lesquels on oublie les notions de temps et on partage avec des inconnus un espace confiné…
Puis, lors d’un arrêt dans une gare j’ai croisé un étranger, un français plus exactement. Nous avons discuté quelques minutes puis il m’a invité à le rejoindre dans son compartiment : il parle (bien) chinois et me dit qu’il a des gens super avec lui. J’ai alors passé plusieurs heures à discuter avec lui, avec les chinois par son intermédiaire, à répéter désespérément des phrases de chinois pour apprendre quelques mots et à rigoler avec les chinois. Entre une femme de 60 ans qui fait sa gymnastique dans le train, nous dis quelques mots (bonjour, merci, au revoir) dans de nombreuses langues (de l’anglais au français en passant par le Thaïlandais, le Russe ou le Japonais) avant de nous réciter par cœur des phrases en anglais puis en finissant par apprendre par cœur des chansons, elle joue au piano depuis 5 ans et veut profiter de sa retraite pour progresser. Ou encore ce chinois, originaire de Shanghai, qui a immigré à Kunming pour y construire des maisons, et qui nous fait rire en sortant des bêtises, avant de s’inquiéter de plus en plus au fur et à mesure que le train avance pour la sécurité d’Antoine (le français) et moi même lorsque nous arriverons à Kunming. Et tous, étonné par mon cas : voyager plusieurs mois en Chine sans parler la langue locale… « Méi wèn ti » (« pas de problèmes ») leur répondais-je tranquillement.
Tout ça ne m’a pas empêché d’admirer les paysages, de plus en plus jolis au fur et à mesure que nous avancions : rizières en terrasse, des couleurs vertes passant par tous les tons, collines et montagnes, etc. De en temps en temps, « au milieu de rien », de grosses usines crachant des fumées toutes plus polluantes les unes que les autres, ou des centrales nucléaires qui sortent de nul part… J’ai également été impressionné par le nombre de chinois qui travaillent dans les champs : sur les centaines et centaines de kilomètres parcourus, il y a des paysans dans tous les champs autour des voies ferrés. C’est dans ces moments qu’on se rappelle que les chinois sont 1,3 milliard et que 65% d’entre eux habitent à la campagne, soit 845 millions de personnes…
L’arrivée à Kunming s’est très bien passée, après 36 heures de voyage (léger retard). Nouveau record personnel ! Petit tour inutile à Kunming et me voilà dans un bus en direction de Hékou, petite ville située à 467 Km au sud, ville frontière avec le Vietnam.
Changement de décor : après les rails sur lesquels le train roulait paisiblement, voici une route sur laquelle le bus bondi de bosse en bosse. Le paysage est encore plus beau et je reste plusieurs heures le nez à la fenêtre pour profiter pleinement du spectacle qui m’est offert. Je tente de prendre des photos mais c’est trop « rock n roll », tant pis, je grave les images dans ma tête.
Après une pause pour manger un bol de riz dans un village en « montagne », nous repartons quelques minutes avant de nous arrêter sur le bord de la route : nous sommes en panne. Rien d’étonnant, le plus surprenant est que cela ne me soit pas encore arrivée en Chine ! Je n’ai jamais très bien su quel était le problème (entre mon chinois et mon niveau en mécanique…) mais après une bonne heure de réparation et d’utilisation de scotch ( !), nous repartons…et la réparation tiendra jusqu’à Hékou (peut-être même après, je ne suis pas sûr que le bus ait été réparé plus sérieusement !).
L’arrivée à Hékou est moins drôle : je suis attendu par des hôteliers (qui travaillent pour des hôtels ou, par définition, il ne faut pas aller), la ville est vraiment sales (les pieds restent collé au sol et les odeurs sont fortes), il fait très chaud et humide, je croise de nombreuses prostituées (mais ou suis-je ?) et, enfin, ma carte de crédit refuse de fonctionner alors que je n’ai plus un seul petit centime sur moi (il faut toujours voyager avec de l’argent Stéphane…). Bref, je fini par utiliser ma carte de secours (française) puis trouve un hôtel pouilleux pour moins de 2,50 euros.
Je suis en tout cas à la frontière Vietnamienne. J’ai parcouru plus de 3 000 kilomètres en train et bus, je suis parti de Hangzhou plus de 50 heures auparavant et j’ai effectué un voyage vraiment sympa avec de belles rencontres et de splendides paysages.
Même si j’ai mis 10, 20 ou 25 fois plus de temps qu’en avion, voyager en train et en bus est vraiment beaucoup plus sympa. Plus proche de la population (avec elle, même), plus de rencontres, plus tranquille, plus de temps pour découvrir le paysage, bref, le train et bien mieux que l’avion (et en plus, ça pollue beaucoup moins). Ce trajet ne m’a jamais semblé long et il a été très sympa ! De là à dire qu’il s’agit d’un échauffement, il y a un pas…que je sauterai bientôt…
Ce lundi matin j’ai traversé la frontière pour rentrer au Vietnam, puis je me suis rendu à Sapa, petite ville de montagne. Sur place, j’ai rencontré de nouvelles personnes et cette première journée ici m’a emballe. Je reviendrais sur mes premières impressions du Vietnam très bientôt, le magasin / accès internet ferme ses portes…
See ya,
4 Comments
c’est rigolo j’aime comme le sentiment que ce genre de voyage change un homme … et la chine particulièrement! J’ai rencontré des personnes qui avaient vécu 3 ans en Chine et qui sont de retour à Paris depuis septembre: d’un elles restent un peu entre elles ( expatriés en chine mais de retour en france ) et de deux tu sents qu’il y a chez elles un je ne sais quoi de différent ….
photos
Dommage pour ton appareil mais en tout cas on se régal avec les photos et vraiment la muraille c’est carrément impressionnant !!!!
je te souhaite un bon voyage, qui semble bien commencer, et tout plein de belles rencontres !!
bisous bisous 😛
Emotions
Votre carnet de voyage est magnifique.Vous nous faîtes rêver.(suivi sur g…..map)
Je connais un Antoine (amateur de 2 cv) en Chine.
La baie d’Halong doit vous attendre.
Votre nourriture comprend-elle toujours des fruits et des légumes. Montrez-nous si possible ces plantes, fruits ou fleurs qui nous dépaysent.
Amitiés d’Auvergne.
Al : oui, les voyages changent les gens. En bien ou en mal, mais ca les change 😀
Marielle : merci 🙂
Mamy Auvergnate : Merci 🙂 Concernant les fleurs et fruits, peu de gros changements rencontres pour le moment, a voir plus tard…
See ya,