Certes je n’ai pas vu d’ours polaire, mais le reste de mon article du premier avril est réalité. Comme un « au revoir » à l’Amérique du Sud, j’ai pris quelques semaines pour voyager en Patagonie et à Buenos Aires avant de rentrer en France.
Par 51° Sud
Deux avions, deux bus et quatre frontières plus loin me voilà par 51° Sud, dans le Parque Nacional Torres del Paine, au Chili. Cette latitude ne dit peut-être pas grand-chose à certains, mais ça parlera au moins aux « voileux » ; surtout quand on sait que le Cap Horn se trouve par 55° Sud.

Des randonneurs dans le Parque Nacional Torres del Paine, en Patagonie (Chili)
Le Parque Nacional Torres del Paine est l’un des principaux lieux de randonnées de Patagonie, avec deux circuits disponibles : le « W », sur 3-4 jours, et le « O » sur 7-8 jours. Le premier est relativement facile et peut-être fait en dormant sous tente ou en refuge. Le second nécessite obligatoirement une tente (au moins pour une partie) et une certaine autonomie en termes de nourriture…et une bonne condition physique. Le circuit en « O » doit être super sympa mais divers raisons me poussent à faire seulement le « W », au moins pour cette fois ci !

Le Lago Nordenskjöld, en Patagonie Chilienne
Les Torres
Transfert depuis Puerto Natales réalisé et affaires déposées au refuge, je prends la direction des « Torres » (tours) qui ont données le nom au parc. La journée est déjà bien avancée quand je débute la marche et, même s’ils ne m’ont rien dit de spécial à la réception du refuge quand j’ai annoncé mon objectif du jour, je n’ai pas beaucoup de marge d’après les temps informés sur la carte. La température est fraiche, ça grimpe, je n’ai pas fait beaucoup de sport ces derniers mois et je marche relativement vite. Trop vite même. Je sens rapidement une douleur en haut d’une cuisse et celle-ci se fait de plus en plus forte. Je fais de courtes pauses quand la douleur est trop forte et j’atteins les points intermédiaires en beaucoup moins de temps que prévu ; j’avais en fait tout mon temps ! J’arrive finalement aux Torres relativement tôt et profite des lieux, même si les nuages sont présents.

Les Torres, qui ont donnés leur nom au parc. Patagonie (Chili)
La météo est typique de la Patagonie, les 4 saisons se succèdent au cours de la journée. Dès que le soleil apparaît il fait bon et on est en manches courtes, quand les nuages prennent le pouvoir et que le vent se lève on sort polaire et/ou veste et bonnet et entre les deux…on n’arrête pas de mettre et enlever des épaisseurs. Ca fait parti du charme local !
La soirée au refuge est sympa, avec un dîner accompagné de deux Brésiliens et deux Portugais à l’accent très prononcé (autant le portugais du Brésil peut être sympa et « chantant », autant celui du Portugal fait, je trouve, un peu mal aux oreilles !). Je n’ai pas l’habitude des randonnées et donc de ces rencontres d’après marches et même si le refuge est immense –ça n’a de refuge que le nom, c’est plutôt une auberge de jeunesse- c’est sympa de se retrouver comme ça autour d’un plat chaud.

Lever de soleil dans le Parque Torres del Paine en Patagonie
Du vent en veux-tu en voilà
L’autre caractéristique de la météo Patagonne est le vent fort, très fort. Comme pour continuer une découverte typique des lieux, le vent souffle vigoureusement pour ce second jour de marche. J’avale un comprimé anti douleur pour ne pas être gêné par ma cuisse, mets mon gros sac sur le dos, enfile mon bonnet et mes gants et prends la direction de l’ouest. Programme du jour : relier Paine Grande, 24 Km à l’ouest du refuge Torres Norte.

Passages de chevaux devant le Lago Nordenskjöld – Patagonie
La marche est sympa, je croise très peu de monde et les paysages sont jolis. Le vent, déjà fort au départ, se renforce rapidement, rendant tout blanc d’écume un petit lac (le Laguna Inge). Le chemin m’amène en bordure du lac Nordenskjöld que je vais longer pendant plusieurs kilomètres, je passe même par l’une des plages du lac mais l’ambiance n’est pas à la baignade. Le vent continu à se renforcer, les arbres plis mais ne cèdent pas –l’habitude, sûrement–, l’eau du lac est blanche avec, de temps à autres, de grandes « fumées d’écumes ». La pluie se joint à la fête. Je ne connais pas la Patagonie, mais ces conditions météos sont celles que j’imaginais rencontrer un jour ou l’autre au court de mon voyage. Le vent rend la marche difficile et la pluie –à l’horizontale, évidemment– la rend inconfortable. Les rafales de vent sont vraiment fortes, je ne me rappelle pas avoir déjà vu les éléments aussi déchainés. Une rafale plus forte que les autres arrive, un groupe d’Allemands à une trentaine de mètres de moi s’accroupi alors que je sécurise mes appuis. Ca ne sera pas suffisant, le vent est si fort que je fais quelques mètres sans le vouloir, jusqu’à ce que je m’accroupisse à mon tour et mette mon sac à dos à terre. Impressionnante rafale ! Eole se calmera quelques heures plus tard, le plus fort est passé.

Le vent est fort, très fort sur le Lago Nordenskjöld en Patagonie
Ma cuisse, elle, se fait de plus en plus douloureuse et j’ai du mal à lever la jambe. Les 8-9 derniers kilomètres ne sont pas agréables à cause de ma jambe qui traine à terre à chaque pas, pas l’idéal en randonnée !
C’est trempé jusqu’aux os et frigorifié que j’arrive au refuge. Même si mes vêtements de rechange sont eux aussi bien humide, la bonne douche chaude est un réel bonheur ! Le « refuge » est énorme, là encore il s’agit plus d’une grande auberge de jeunesse qu’autre chose, mais la soirée avec d’autres voyageurs autour d’un bon diner bien chaud est sympa. Pour moi la randonnée comprend vraiment deux aspects : la marche d’un côté, les rencontres d’autres voyageurs d’un autre. Et malgré le manque de charme de plusieurs de ces refuges (sauf le refuge Los Cuernos, qui semble très chaleureux), j’arrive à combiner les deux et c’est bien sympa.
Premier glacier
Après avoir presque perdu mon (unique) pantalon la veille au soir en le faisant sécher –le vent était encore fort et l’attache n’a pas tenu !–, c’est sous un grand ciel bleu que je m’élance en direction du Glacier Grey. J‘avais initialement prévu de me rendre à la Vallée des Frances mais la douleur à la cuisse m’en dissuade ; marcher ne fait qu’empirer le problème donc je décide d’annuler la balade vers cette vallée (28 Km de marche A/R). Même si c’est bien dommage, cette décision est la bonne et mes premiers pas de cette troisième journée son catastrophiques : ma cuisse me fait mal, j’ai du mal à lever la jambe et je bute sur les pierres. Pas terrible ! Heureusement ça s’améliore au fur et à mesure des kilomètres, une fois les muscles chauds.
Le temps est agréable et, comme toujours, les paysages très sympa. C’est plaisant de voir le soleil après la journée pluvieuse de la veille. Les premiers growlers font leur apparition, rejoints plus tard par des icebergs bleutés ; ce type de paysage est quand même assez inhabituel !

Le Lago Grey et des growlers bleutés – Parque Torres del Paine, Chili
Même s’il est encore loin, on aperçoit le Glacier Grey au fond ; il n’apparaît cependant que partiellement. Il me faudra attendre un peu avant de le découvrir vraiment, mais le jeu en vaut la chandelle !

Le Lago Grey et le glacier du même nom, au fond – Patagonie
Comme je n’ai pas été dans la Valée dos Frances, cette randonnée vers le Glacier Grey sera la dernière dans ce parc et je retourne plus rapidement que prévu à Porto Natales. L’occasion de faire une lessive –ce n’est pas du luxe !– et de profiter d’un bon steak local, un vrai plaisir !
Le bus est plein ? Pas de soucis, j’y vais en stop !
Je vais le dire clairement, je n’aime pas planifier mes voyages. J’aime aller à mon rythme, comme je le sens sur le moment. Si j’apprécie un lieu, j’y resterai plus longtemps que ce que j’avais imaginé. Si, au contraire, je ne me sens pas bien quelque part, je trace rapidement ma route. Mes meilleurs souvenirs de voyage sont tous liés à des lieux que j’ai appréciés –souvent par des rencontres– et dans lesquels je suis resté plus longtemps que prévu initialement. Le problème de voyager ainsi est que les auberges de jeunesse et les bus n’ont pas un nombre illimité de places…

Laguna Los Patos dans le Parque Torres del Paine, en Patagonie
Après quelques hésitations, je décide samedi soir de rejoindre El Calafate, en Argentine, dès le lendemain matin. Une incompréhension avec la gestionnaire de mon hostel me fait arriver tard à la gare routière…et la personne devant moi achète le dernier billet de bus disponible. On est dimanche et c’est le seul bus de la journée. Une phrase d’une touriste fait « tilt » lorsqu’elle dit « vas-y en autostop ». Depuis que je vis en Amérique du Sud j’ai perdu le réflexe autostop -c’est plutôt déconseillé au Brésil-, il m’arrive d’en faire seulement à certains endroits. Mais la Patagonie me semble être le lieu parfait pour m’y remettre, même si les routes sont plutôt désertes…

La Patagonie n’est pas toujours une terre hospitalière…
282 Km, 6 voitures et 2 frontières plus loin me voilà à El Calafate ; en moins de temps qu’il ne m’en aurait fallu en bus ! Et en prime j’ai fait des rencontres intéressantes, entre le premier conducteur qui m’explique qu’il va en Argentine (30 minutes de route) juste pour faire le plein de sa voiture car l’essence y est 2 fois moins cher. Ou cet Argentin de 70 ans qui connait la région comme sa poche et qui, pendant une heure et demie passée ensemble, n’arrête pas de me montrer des choses, de m’expliquer la faune, flore ou la météo locale. Super sympa !
Me voila donc de nouveau en Argentine, pour la troisième fois en quelques mois. Mais cette fois ci je ne fais pas qu’y passer, j’ai deux semaines et demi devant moi. A suivre, donc !
Hasta luego,
PS : j’ai ajouté des albums photos du Parque Nacional Torres del Paine, n’hésitez pas à les consulter.
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