Chine - News

Du paradis aux portes du Tibet, il n’y a qu’un pas

11 août 2008

Me revoilà ! Après une grosse semaine loin d’internet et des nouvelles technologies (pour ne pas dire « de la technologie ») je suis de retour dans une ville.

Suite à mon trek dans la Gorge du Saut du Tigre j’ai pris un mini bus en direction de Shangri-La, « paradis » en Chinois, rien que ça ! Le trajet était sympa et malgré son apparence d’un véhicule d’un autre âge, notre van possédait un petit écran télé pour…faire un karaoké. Evidemment je ne pouvais pas chanter puisque les chansons étaient en chinois, mais des locaux s’époumonaient de leur plus belle voix. Ambiance très sympa durant le trajet de 3 heures, celui-ci régulièrement coupé par des « arrêts photos ». Halala, ces chinois et les photos…

Puisque je ne suis pas (encore) certain d’aller au Paradis, j’ai passé 3 jours dans la ville de Shangri-La (qui signifie « paradis » pour rappel). Cette petite citée, peuple pour moitié de Tibétains, est située à 3200 mètres. Contrairement à sa voisine Lijiang, Shangri-La n’est pas encore envahi par les touristes, cela est agréage. Durant mes trois jours j’ai alterné balades à pieds, visite d’un monastère Bouddhiste (le plus grand du sud-ouest de la Chine) et balade en vélo, pour découvrir les villages situés aux alentours.

Monastère Bouddhiste à Shangri-La, 600 moines y vivent

Puis, le samedi 02 août j’ai pris un bus en direction de Deqin , à l’extrême nord du Yunnan et à seulement quelques kilomètres du Tibet, Deqin est le dernier poste avant le Tibet. J’ai encore pris de l’altitude puisque Deqin est située à 3550 mètres d’altitude, à seulement 150 mètres de Lhassa, la capitale Tibétaine ; les Tibétains représentent d’ailleurs 80% de la population locale. Les 187 Km entre Shangri-La et Deqin se sont déroulés en 6H30 heures, avec une route offrant de superbes paysages dès que le temps de dégageait. Lors du trajet j’ai rencontré un couple de Belges ainsi qu’un français et une Coréenne, c’est toujours sympa de pouvoir s’exprimer autrement que par le langage des mains ! Dès notre arrivée à Deqin nous avons pris un taxi pour rejoindre Feilasi, point de pré-départ pour les randonnées.

Femme Tibétaine à Feilasi

Samedi 02 août, 6H00 du matin, le réveil sonne. C’est parti pour le début du trek. Nous commençons par rejoindre en minibus le point de départ de la marche, celui-ci est situé à 2680 mètres d’altitude. Dès notre arrivée sur place le divorce avec « le commandant Cousteau » se produit. Rencontré la veille, l’homme que nous surnommons « Cousteau » avec son bonnet rouge est un Indien avec qui nous avons partagé le taxi. Il n’est pas méchant mais son côté paternaliste est assez désagréable et tous autant que nous sommes savons que nous ne supporterions pas ça pendant plusieurs jours…

Après seulement 4 à 5 heures de marche nous arrivons au village de Yubeng, ou nous avons logé durant 4 jours. Lors de nos premiers pas dans ce village le temps est malheureusement couvert et il nous faudra plusieurs jours avant de voir l’un des glaciers situé à proximité.

Vu sur le glacier depuis la guesthouse à Yubeng

Matthieu, le français, et la Coréenne ont dû nous quitter dès le deuxième jour, c’est donc avec Benjamin et Anne, le couple de Belges, que je prends la direction des « Mysterious Waterfall » situées à environ 4 heures de marche. Le chemin est joli mais pas exceptionnel et, surtout, le mauvais temps réduit de beaucoup la visibilité ce qui est bien dommage…

Le troisième jour nous nous sommes attaqués à un « gros morceau » : le Mysterious Lake. Situé à 4 700 mètres d’altitude (soit 1700 mètres au-dessus du village), un guide est conseillé pour s’y rendre car le chemin est difficile à trouver. Bien que la vue, par temps clair, soit vraiment superbe du sommet, cette randonnée est assez peu pratiquée car elle est estimée « difficile » ; il faut compter 8 à 12 heures de marche pour s’y rendre et revenir au village.

L’ascension, sportive, s’est bien passée et nous sommes arrivés au « lac sacré » 4H20 après le départ. Le temps n’est pas idéal, heureusement le lac est tout petit sinon nous n’aurions pas pu le voir en entier !

Le « Mysterious Lake » porte bien son nom avec ce brouillard et ces icebergs

Alors que nous faisons une pause pour manger des galettes sèches achetées le matin, le temps se dégage ce qui nous permet de découvrir au fur et à mesure les paysages alentours. C’est superbe de voir apparaître tant de choses que nous ignorions quelques minutes auparavant !

Changement total de décors avec la levée du brouillard

Nous avons ensuite continué, durant 45 minutes, l’escalade de la montagne pour atteindre une altitude d’environ 4 800 ou 4 850 mètres, soit tout près du sommet du Mont Blanc, mon record personnel ! La encore les nuages jouaient à cache-cache, nous laissant parfois apercevoir des glaciers s’élevant à plus de 6 700 mètres d’altitude alors qu’à d’autres moments nous ne pouvions plus voir les collines distantes de 100 mètres. Nous avons entamé notre descente vers le village à 15H00 pour être sûr d’arriver à destination avant la nuit. Longue mais très jolie et variée, nous avons atteint notre destination final en un peu moins de 3H30, avec pour tous de jolies glissades dans les chemins boueux de la montagne.

Benjamin lors de la descente depuis le Mysterious Lake

Le jour suivant sera moins fatiguant mais le chemin, beaucoup plus touristique que la veille, n’était pas dans un superbe état, les mulets l’abimant rapidement. Notre randonnée de la journée nous a emmenée au lac gelé à une altitude de 4 000 mètres. Malgré le caractère plus touristique de cette balade nous nous sommes retrouvé tout seul sur place, sympa. Les chinois partent généralement dès 7H30 ou 8H00 du matin, même si la balade est courte, alors que pour notre part nous partions plus vers 9H00 voire 10H00. On est tout de même en vacance !

Le lac gelé, situé à 4000 mètres dans les Meili Snow Mountain

Benjamin et Anne autant que moi, nous souhaitions prendre le chemin du retour en empruntant une route différente de l’aller et, surtout, en dormant dans un village non touristique, si possible au sein d’une famille et non dans une guesthouse. Le jeudi 07 août nous sommes parti, accompagné d’un guide car tout le monde le conseillait fortement, en direction du village de Ni Long situé à une altitude de seulement 2 200 mètres, belle descente en perspective ! Après avoir marché le long d’une rivière dans un superbe environnement le changement de décors a été total avec des paysages beaucoup plus arides. Nous avions à certains endroits l’impression d’être en Provence en voyant la végétation et en entendant les animaux !

Paysage plus aride et composés de grandes gorges pour le retour

En arrivant au village notre guide nous a emmenés dans une maison Tibétaine, probablement chez des amis. Parfait, nous ne sommes pas en guesthouse ! La maison est essentiellement composée d’une grande pièce dans laquelle on trouve une partie cuisine, des tables qui servent pour les repas et comme « salon » et de nombreux objets et photos pour les prières…avec tout de même une photo de Mao dans un coin (est-ce un choix ou sont-ils obligé de mettre cette affiche ?). Pour le diner nous avons partagé avec la famille un immense plat de noodles, malheureusement nous étions assis à une autre table qu’eux, dommage.

Nous avons été tout de même surpris lorsque, en soirée, nous avons demandé ou se trouvaient les toilettes et on s’est vu répondre « il n’y en a pas »… On nous a emmené dans la rue à 10-15 mètres de la maison, en plein milieu du village, puis on nous a fait comprendre que les « toilettes » étaient là, sur les maisons des voisins ! Nous n’avons jamais trop su comment ils procèdent. Ont-ils des toilettes communs avec d’autres maisons du village ? Vont-ils faire leurs besoins dans les champs ? Quoi qu’il en soit, cela m’a tout de même étonné…

La pièce principale de la maison Tibétaine dans laquelle nous avons dormi une nuit

Comme nous étions arrivé en début d’après-midi au village, nous avons, avec Benjamin, été faire un tour au village situé de l’autre côté du Mekong. A en croire les réactions provoquées par notre arrivée, ce village ne doit pas être souvent visité par des occidentaux. Dès qu’elles nous ont vues, trois petites filles ont vraiment explosés de rire et se sont littéralement roulées par terre avant de courir vers nous. Après nous avoir « observés » tout en rigolant, nous leur avons montré des photos que l’on venait de faire d’elles et elles sont reparties dans de grandes rigolades. Le bouche à oreille et le bruit des rires ont provoqués la venue du « groupe de garçons », eux aussi tout excités de voir deux grands blancs, dont l’un a même les cheveux blonds et bouclés. Ce fut un super moment !

Deux petites filles excitées de voir deux occidentaux dans leur village !

Le sixième jour nous avons continué notre marche vers Xi Dang village, endroit atteint bien plus vite que prévu. Après un transit en van et un bon déjeuner nous nous sommes rendus sur le Sinong Glacier. Cette dernière balade était sympa même si la vue d’en haut était à peine meilleure que celle dont on peut bénéficier du bas de la montagne… Cette dernière journée s’est passée sous le soleil, ça fait du bien !

Sinong Glacier, dans les Meili Snow Mountain

Après une dernière nuit dans un village nous avons repris la destination de Feilasi. Benjamin et Anne ont repris la route en direction de Kunming alors que pour ma part je suis resté une nuit à Deqin.

Cette petite semaine de randonnée dans les Meili Snow Mountain a été très sympa. Moi, « l’homme de la mer » qui n’y connais absolument rien à la montagne et qui n’a jamais fait de randonnée ai bien apprécié ces quelques jours de marche. Un grand merci à Benjamin et Anne de m’avoir « accueilli » durant cette semaine, c’est toujours plus sympa de faire ce genre de trek à plusieurs, surtout quand c’est avec des gens qui ont bien baroudés et qui connaissent bien la montagne. Seul regret : le temps vraiment mitigé avec de la pluie presque tous les jours. Avec un grand ciel bleu, les paysages (et les photos !) doivent être vraiment plus jolis.

J’ai pris, le dimanche 10 août, un bus de Deqin à Shangri-La. Le trajet fut…« typiquement local ». Nous avons commencé par rouler sur des pistes dans un brouillard à couper au couteau, avec plein de buée sur le pare-brise et…un conducteur en permanence au téléphone alors que nous étions sur des routes de montagne avec de nombreux lacets. Ensuite nous avons crevé un pneu et deux minutes après être reparti c’est la vitre de la porte du  bus qui s’est « détachée » ; forcement deux personnes étaient appuyées contre elle ! Plus tard, juste après un contrôle policier, le conducteur s’est mis à rouler comme un fou (toujours sur les routes de montagnes) avant qu’un passager chinois l’engueule pour qu’il roule plus calmement…

Je suis donc « malheureusement » de retour à Shangri-La car il n’est pas possible d’aller directement de Deqin au Sichuan (province voisine). D’après les dernières informations dont je dispose je vais même probablement devoir retourner jusqu’à Lijiang (donc vers le sud) avant de pouvoir repartir vers le nord, tout l’ouest du Sichuan étant interdit aux étrangers, tant à cause de la proximité du Tibet (actuellement formellement interdit) qu’aux 25 lacs formés par le tremblement de terre dont la région a été victime le 12 mai (lacs naturels dangereux).

Mon souhait est maintenant d’aller au Sichuan et de me rendre dans des petits villages de minorités. Je suis actuellement en train de collecter des informations mais ce « projet » semble compromis par de nombreux obstacles (certaines zones sont interdites aux étrangers avec beaucoup de contrôles policiers, absence « totale » de cartes, obligation de s’enregistrer toutes les 24 heures aux commissariats de police avec de nombreux contrôles actuellement, etc.). Je continue d’étudier tout ça et de me renseigner. A suivre…

See ya,

No Comments

Leave a Reply