Avec Qing et Daniel, nous quittons l’Etat du Piauí le dimanche 29 août au petit matin. Direction le Ceara, l’un des états les plus connus du Brésil, notamment grâce à ses belles plages. Arrivée à Camocim, et dès notre descente du bus, des conducteurs de 4×4 nous proposent de nous emmener à Jericoacoara, LA station balnéaire à l’ouest de Fortaleza. Evidemment je trouve leurs tarifs bien trop élevés ! Avec Daniel on part demander à quelques locaux quel bus ils prendraient, eux, pour se rendre à Jericoacoara. L’un d’eux nous indique l’endroit d’où partent les bus locaux ; on retrouve Qing et nous nous y rendons ensemble. Pendant qu’on marche on se voit proposer d’autres moyens de transport, notamment des buggys, on les refuse tous. Que je déteste être harceler comme ça pour me déplacer ou me loger… En général, ces « vendeurs » ont un effet négatif sur moi, j’ai tendance à les fuir même s’ils ont de bonnes choses à proposer, simplement car je n’aime pas leurs méthodes. On continue jusqu’à l’embarcadère permettant de prendre le bac, ce bateau pour traverser la rivière, car c’est le premier point de passage obligé pour aller rouler sur la plage. Depuis notre arrivée à la gare routière, nous avons appris que les transports locaux conseillés par les locaux…ne fonctionnent pas le dimanche ; nous en avions entendu parler, voilà que nous en avons la confirmation. On retrouve alors le conducteur rencontré à la gare routière qui nous annonce qu’il n’a plus de place. Personnellement, ça m’importe peu, s’il n’a plus de place je trouverai un autre véhicule. C’est les vacances, j’ai tout mon temps… Finalement et par je ne sais quel « miracle », il nous dit avoir de nouveau de la place mais les tarifs ont augmentés, ben voyons ! Je négocie finalement avec lui de m’arrêter à Tatajuba, un village de pécheur dont je ne connais rien du tout. J’en ai juste entendu parler une fois par un Brésilien alors que j’étais à Barreirinhas, j’avais évoqué le souhait de m’arrêter dans un village de pécheur non touristique et il m’avait donné ce nom. Mon idée est de passer 2 jours dans un petit village, à manger du poisson frais et à rencontrer les locaux qui y vivent. Et pourquoi pas aussi passer une journée ou une nuit en mer à pécher de manière artisanal (à la voile et sans autre moteur). Bref, marché conclu, j’embarque dans le 4×4.
Une vingtaine de minutes plus tard on quitte la plage, qui fait aussi office de route, et le véhicule s’arrête. Me voilà à Tatajuba, parait-il. Je saute du 4×4, Qing et Daniel descendent aussi. Après une petite semaine de voyage, nous nous séparons sur le bord de ce chemin sablonneux. Moi qui ai l’habitude de voyager seul, je passe parfois 2-3 jours avec des voyageurs croisés sur la route. Mais c’est la première fois que je passe une semaine comme ça été le cas avec Qing et Daniel, et j’ai trouvé ça très sympa. Notre semaine ensemble s’est vraiment bien passé et c’était un plaisir de voyager ensemble, nous avions des envies et motivations assez proches, ce qui n’est pas facilement le cas. Une accolade plus tard et je me retrouve, sac sur le dos, voyant le 4×4 qui s’éloigne. « Tchau » Qing et Daniel, peut-être à une prochaine fois en Amérique du Sud, en Europe, en Asie ou ailleurs. Encore merci et bonne route !

Dune et rivière à Tatajuba, dans le Ceara
Je prends directement la direction de l’école de kitesurf pour glaner 2-3 informations sur le village. Je rencontre Elios, un espagnol qui travaille 6 mois par an au Brésil après avoir monté son école de kite. On discute quelques minutes puis je m’en vais chercher un logement. La première pousada est cher et basique, la seconde est superbe mais nettement au-dessus de mon budget. Je trouve une chambre louée par des locaux mais la encore, c’est assez cher. Un Brésilien à qui je demande des infos me propose une chambre chez lui, mais je ne le sens pas du tout –le type est assez bizarre- et décline l’offre. Je ne sais ni pourquoi ni comment, mais jusqu’à maintenant mon « feeling » a toujours été fiable. A chaque fois que j’ai fait confiance à quelqu’un –ce qui m’arrive très souvent quand je voyage- ça s’est bien passé. Mais cette confiance n’est jamais aveugle, lorsque je ne « sens pas trop » la personne, je sais prendre mes distances. Certains appellent ça avoir une bonne étoile, personnellement je pense plutôt que c’est un bon feeling !
Je retourne à l’école de kitesurf et tente discrètement de savoir si je peux éventuellement dormir dans les hamacs ou sur les banquettes de l’école… Elios m’explique que, pour éviter une concurrence déloyale aux pousadas, il peut héberger les seuls clients de l’école de kite. Ca fait « tilt » dans ma tête, car j’avais prévu de faire du kite durant mon voyage mais sans savoir ou exactement. Un petit tour sur internet plus tard et voila que je m’installe dans l’école de kite pour quelques jours. Enfin « installation » est un grand mot, je pose mon sac dans un coin, de toutes les manières je dormirai sur les banquettes qui sont dehors, sur la plage.

Tatajuba Kitesurf, l’école dans lequel j’ai débuté l’apprentissage du kite
J’ai finalement passé 4 jours à Tatajuba, 4 jours à prendre des cours de kitesurf, à lire et à manger du poisson frais. Ce séjour a été bien calme, mais les journées passaient tout de même relativement vite. Hormis le premier jour, je prenais entre 2 et 3 heures de cours de kite quotidiennement. Les journées étaient également occupées par de la lecture, j’ai notamment lu le (fameux) livre 1984 de Georges Orwell ; livre qu’on m’avait conseillé avant mon départ pour la Chine. J’ai bien accroché et si vous n’avez pas encore lu ce grand classique, je vous le recommande. Et puis tous les jours, parfois deux fois dans la journée, il nous fallait préparer à manger. Cette chose généralement si anodine demandait ici plus de temps. La première étape consistait généralement à aller, courant de la matinée, à la rencontre des pécheurs qui rentraient de leur virée en mer. On avait alors le choix entre tous les poissons pêchés quelques minutes ou quelques heures plus tôt, du vrai poisson frais ! L’étape suivante était la recherche de bois sec pour faire, sur la plage, un feu. Une préparation de poisson plus tard et voilà de produit de la mer au-dessus des braises, pour une cuisson parfaite. Je n’avais pas forcément mangé beaucoup de poissons depuis mon arrivée au Brésil mais je me suis bien rattrapé durant ce voyage dans le Nordeste !
Quand on « vit » dans un village de pécheurs sur la plage, tout est plus long et plus compliqué. Il me fallait par exemple retirer de l’argent dans un distributeur…et le plus proche se trouvait à 20 Km de Tatajuba. Je me suis levé à 6H15 du matin pour attraper le « bus » local qui va à Camocim, en passant par la plage. Les horaires du bus ne sont pas fixes, ils dépendent des horaires de marées ! Une fois mes opérations faites, il me fallait rentrer à Tatajuba. Le bus retour était assez tard, j’ai donc opté pour une autre solution : l’autostop. Pas d’inquiétude, il n’y avait pas de danger. Il s’agissait de demander aux véhicules qui venaient prendre le bac pour traverser la rivière s’ils pouvaient me déposer à Tatajuba. Ca n’a pas été simple mais j’ai fini par me faire embarquer…par des policiers ! Pour leur travail, ils se rendent quotidiennement à Tatajuba, et comme il restait une place dans le véhicule ils m’ont emmené. Nous étions d’ailleurs deux « autostoppeurs » dans la voiture, sympa !

Entre le kite et la préparation du poisson frais, un peu de lecture au calme
C’est assez étrange mais j’ai passé 4 jours à Tatajuba et même si je n’ai pas eu l’impression d’avoir fait grand-chose, les journées sont passées vite. Il faut dire qu’un simple repas, comprenez un poisson frais au barbecue, prenait du temps ; ça change d’une pizza qu’on met dans le four ! Et puis j’ai passé du temps à lire, mais quand j’aime mon livre je ne vois pas les heures défiler.
Au total j’ai pris 7 heures de cours particulier de kitesurf. Autant dire qu’il me reste encore un peu de temps à passer sur l’eau –et dans l’eau !- avant de tout maîtriser. Mais pour l’instant, ça me plait bien. J’ai progressé de manière très irrégulière, allant très vite au début puis ayant un « palier » pour sortir de l’eau. Maintenant j’arrive à sortir de l’eau et à naviguer quelques dizaines de mètres avant, généralement, de faire une belle chute. Je pense qu’il ne me manque pas grand-chose pour tirer des bords sans tomber, vos conseils pour gérer la puissance de l’aile sont les bienvenus ! En tout cas j’aimerai continuer à pratiquer le kitesurf, je vais essayer d’en faire encore quelques heures avec des copains pour voir si j’accroche et, si c’est le cas, j’achèterai mon matériel. A suivre…
Après ces 4 jours à Tatajuba j’ai décidé de rejoindre Jericoacoara. Et cette fois ci c’est certain, le seul moyen de transport régulier est le 4×4 avec lequel je m’étais rendu de Camocim à Tatajuba, le fameux 4×4 avec le conducteur que je n’apprécie pas beaucoup… « Il n’y a pas le choix » me disent certains, sous entendant que je dois de nouveau payer cher pour prendre ce 4×4. « Il y a toujours le choix » me répond une voix intérieure. Je prends mon dernier petit déjeuner sur la plage puis je m’installe, livre en main, à proximité du chemin reliant Tatajuba de Jericoacoara. Mais petite subtilité, je « fais du stop » en allant dans la direction opposée à ma destination finale ; je fais du stop vers l’ouest alors que « Jeri » est situé à l’est ; l’idée est de passer par un lac touristique proche de la plage, car de là-bas il sera facile d’aller à Jeri. Les deux premiers véhicules s’arrêtent mais ils vont à Camocim, je reprends ma lecture. Le troisième véhicule s’arrête lui aussi et, évidemment, je retrouve le fameux conducteur du 4×4, encore lui ! Il me dit qu’il repasse à midi et quand je lui demande le tarif, il me répond « 15 Reals. Non, 20 Reals ». Il continue à me prendre pour un imbécile… Ce n’est pas tant le prix du transport qui me repousse, mais plus le fait que ce soit ce tarif simplement car je suis un touriste. Je n’aime pas être prit pour un imbécile, et c’est la sensation que j’ai eu avec cette personne. J’ai donc préféré me débrouiller autrement plutôt que de participer à son petit jeu. Je reprends ma lecture tout en gardant un œil sur le chemin et bientôt je trouve un buggy avec deux touristes à bord, le conducteur m’amène jusqu’au lac de Tatajuba. De là je trouve deux touristes, une Allemande et une Hongroise, qui ont un buggy pour elles et qui acceptent que je vienne avec elles jusqu’à Jeri. Le trajet est dans la poche, parfait ! On arrive une petite heure plus tard à Jeri, après avoir roulé parfois sur la plage, et parfois sur les dunes, un trajet sympa.
Jericoacoara est la plus connue des stations balnéaires à l’ouest de Fortaleza. C’est un lieu réputé pour le windsurf et le kitesurf, mais aussi pour ses soirées festives. Mais je dois avouer que les deux soirées faites la bas n’avaient vraiment rien d’extraordinaire –et en plus rien ne débute avant 2 heures du matin. En journée, Jeri est surement très sympa pour qui fait une activité nautique, mais autrement…ça reste une plage, et personnellement sur une plage à ne rien faire je sature rapidement. J’aurai aimé louer une planche de surf ou à voile, mais les tarifs étaient assez élevés et le kitesurf m’a déjà coûté bien cher. Et pour la première fois depuis bien longtemps, je n’avais pas envie de partir me balader à pieds pendant plusieurs heures comme je le fais habituellement. Je ne sais pas pourquoi, mais j’avais aucune motivation. Aucune envie. C’est passé en quittant Jeri, mais c’est une sensation assez étrange. Je pense que j’avais atteint mon « quota de plages »… Bref, pour moi, Jeri ne restera pas dans les annales. C’est très probablement plus un « problème » personnel et non du lieu lui-même, mais cet endroit ne me laissera pas un souvenir inoubliable. Ce que j’ai préféré à Jeri est le minuscule restaurant « Ponto do Big » dans une petite rue perpendiculaire à la rue principale. Leurs plats sont excellents et très bons marché (5-6 R$, environ 2,5€) et le personnel très sympa. J’ai pris tous mes repas là-bas et j’ai failli recommander des assiettes juste par gourmandise !

Coucher de soleil à Jericoacoara, dans le Ceara
Dernière étape de mon voyage : Fortaleza. Je retourne pour la première fois dans une grande ville, ça sent la fin des vacances. La première partie du voyage se fait dans un « bus tout terrain ». Le véhicule d’une quarantaine de places est rustique, ne possède pas de fenêtres –pour quelles raisons ? Car elles se casseraient à cause des chocs et vibrations ?- mais est très efficace pour passer à travers les dunes et pour rouler sur la plage. Un bus routier plus tard et me voilà à Fortaleza. Je retrouve Michelle et Jackson, les parents de Cécilia, une Franco-Brésilienne connu lorsque j’étais en Chine. J’avais d’ailleurs eu l’occasion de les rencontrer à Hangzhou ou ils étaient venus passer quelques jours. Depuis ils lisent TravelSteph.com de temps en temps et « suivent » mes séjours à l’étranger, c’est sympa de se retrouver au Brésil, dans leur pays. Cécilia, elle, est maintenant à Paris, mais ça n’a pas empêché Michelle de Jackson de gentiment me recevoir chez eux pendant les 2-3 jours passés à Fortaleza, très sympa !
Je n’ai passé que deux jours complets à « Fortal » le premier sur la « praia do futuro », une plage longue de plusieurs kilomètres que j’ai parcouru dans sa totalité. Le second jour, j’ai flâné dans la ville, en partant de la plage do Meireless et en allant jusqu’au centre-ville. Il y a quelques jolis bâtiments, l’ambiance de la ville est sympa, mais Fortaleza reste une ville assez classique. Les principaux centres d’intérêts, de belles plages, sont situés à plusieurs dizaines de kilomètres.

Fin de journée à Fortaleza
Encore merci à Michelle et Jackson pour leur accueil, c’était très sympa. C’était également intéressant de discuter avec un couple Franco-Brésilien vivant au Brésil depuis une vingtaine d’années, le partage des expériences est toujours enrichissant.
Au milieu de la nuit du 06 au 07 septembre je me suis envolé de Fortaleza en direction de la maison, Rio de Janeiro, ou j’ai atterri au petit matin. Une journée pour laver les vêtements, ranger mes affaires, nettoyer mes mails et commencer le tri des photos puis reprise du travail. Jusqu’au prochain voyage…
Até logo,
2 Comments
Comme d’habitude, un plaisir de te lire. Tes histoires de plages auront fait pour moi office de marchand de sable… bonne nuit!
Comme ça donne envie ta façon de « déambuler » dans un pays en absorbant et accueillant ce qui se présente. C’est fou comme des dunes et des plages peuvent être exotiques!
On voit que tu aimes ce pays et c’est bien sympa de te lire.
J’attends la suite et t’embrasse.