Foz do Iguaçu. La simple évocation de ce nom renvoi, pour la plupart des gens, aux chutes d’eau qui se trouvent à proximité. Et pour cause, longue de plus de 3 km et hautes de 80 mètres, elles dépassent en largeur et en hauteur les fameuses chutes Victoria et celles du Niagara. Même si elles sont moins connues que leurs consœurs, les chutes d’Iguaçu –souvent considéré comme l’une des 7 merveilles naturelles du monde- sont l’une des attractions touristiques les plus importantes d’Amérique du Sud. Après avoir parcouru près de 600Km, le Rio Iguaçu s’élargit puis se jette dans les 275 cascades réparties entre le Brésil et l’Argentine.
J’ai profité d’un week-end prolongé pour aller voir ces chutes d’eau. Ces quelques jours de vacances n’ont pas été placés sous le signe des rencontres avec les locaux, mais sous la beauté de la nature…au milieu de milliers de touristes.
Départ de Rio de Janeiro dès le mardi soir, l’avion aura une heure de retard, comme pour nous rappeler qu’on est au Brésil et qu’il faut être patient. Dans la salle d’embarquement je rencontre une Brésilienne qui prend le même avion que moi. Je lui propose de partager le taxi –on arrive après la fin du service de bus- et on se rend compte qu’on a réservé dans le même hôtel. Content de rencontrer d’autres voyageurs avant même le départ, j’entame la discussion. Mais malheureusement certain(e)s Brésilien(ne)s ne sont pas aimables et c’est son cas, dommage ! Le premier matin en prenant mon petit déjeuner j’engage la conversation avec mes voisins de tables, ils parlent principalement en portugais entre eux –avec des mots d’anglais au milieu- mais leur physique les trahi : ils sont « gringos » (étrangers). Tous les trois étudiants à Rio, il y a une Allemande, un Américain et un Français. Le courant passe bien, je m’élance avec eux pour cette première journée à Foz de Iguaçu. Nous passerons finalement les 3 jours ensemble, à parler dans un mélange d’anglais, de portugais et de français…parfois dans la même phrase…et sans se rendre compte du mixe ! Après une nuit fraiche, ce 03 juin au matin est « polaire » pour moi le « Carioca » d’adoption. Il doit faire 13 ou 14°C, ça fait longtemps que je n’ai pas eu aussi frais.
Ma première surprise –et ce n’est pas une conséquence de la nature- est le prix d’entrée dans le Parc National, les tarifs sont plus chers pour les étrangers. Vous êtes français ? Alors ça sera 15 Réaux de plus s’il vous plait. Soit.
Au fur et à mesure de la balade, le bruit de ses millions de tonnes d’eau qui tombent chaque seconde augmente. Puis on aperçoit les premières chutes, hautes de plusieurs dizaines de mètres. Plus loin, on se retrouve au niveau d’une grande gorge, ou de l’eau tombe de tous les côtés et dans tous les sens. Le spectacle est grandiose ! Une passerelle permet de se rendre au plus près des cascades. Après avoir récupéré de superbes « ponchos » en plastique, abandonnés par leurs anciens propriétaires, nous nous engageons sur la passerelle. Le vent provoqué par les mouvements d’eau est fort, et les embruns très nombreux. La douche est assurée !

Côté Brésilien, une passerelle permet d’approcher les chutes de Foz de Iguaçu au plus près
Iguaçu, qui signifie « les grandes eaux » en tupi-guarani, porte bien son nom. Le spectacle est impressionnant avec de véritables montagnes d’eau qui se jettent dans un gouffre dont on ne peut généralement pas voir le fond à cause des embruns. Un gouffre sans fin !
En fin de parcours, on découvre le Rio Iguaçu en amont des chutes : une rivière large avec un léger courant. C’est l’une des images qui m’a le plus marqué lors de mon séjour à Iguaçu, le changement d’état de la nature. Passer, en quelques dizaines de mètres, d’une rivière presque paisible et immobile à un déchainement de la nature. Passer, dans un si petit espace, d’un extrême à un autre, de la tranquillité à l’agitation extrême.

Le calme du Rio Iguaçu, à quelques mètres des Chutes d’Iguaçu au Brésil

La violence du Rio Iguaçu, quelques dizaines de mètres plus loin
Le vendredi matin, la pluie modifie nos plans, nous prenons finalement la direction du barrage d’Itaipu, plus grande centrale hydroélectrique du monde après le barrage des Trois-Gorges en Chine. Mis en service en 1984, ce barrage long de 7 km et haut de 196 mètres est partagé entre le Brésil et le Paraguay, qu’il fournit respectivement de 25% et 90% de l’énergie consommée. Il permet au Brésil d’économiser 440 000 barils de pétrole chaque jour. Selon l’American Society of Civil Engineers (Association américaine des ingénieurs en génie civil), le barrage d’Itaipu est l’une des sept merveilles du monde moderne. Malheureusement pour nous, nous avons mis quelques minutes de trop à réfléchir et à nous concerter et tous les billets pour visiter « les dessous » du barrage étaient partis. J’ai eu une pensée pour mon père et mes frères qui seraient certainement passionnés par cette visite. Quand on sait par exemple que le débit maximum des 14 canaux de décharge est de 62 200 mètres cube par seconde, ce qui correspond à 40 fois le débit des chutes d’Iguaçu, il y a de quoi être impressionné. C’est même difficilement imaginable. Nous avons finalement fait la seule visite extérieur qui, il faut l’avouer, présente beaucoup moins d’intérêt.
Dans l’après-midi nous avons traversé la rivière Paraná pour nous rendre à Ciudad del Este au Paraguay. De nombreux Brésiliens m’avaient conseillés cette ville pour faire des achats. Mais les boutiques de rue fermaient et les autres étaient hors de prix. On s’est baladé environ 2 heures, on a diné la bas –après avoir eu du mal à trouver un restaurant d’ouvert !- puis on est rentré « à la maison » au Brésil. En tout cas Ciudad del Este s’est avéré très différente de la ville de Foz do Iguaçu : une ambiance totalement différente et une ville incroyablement plus sale, ce dernier point m’a rappelé la Chine… Cette ville Paraguayenne est parait-il l’une des plus pauvre du pays, et aussi l’une des plus dangereuse (même si sur ce dernier point, je me méfie beaucoup des « on dit »). En tout cas le retour au Brésil était agréable, même si, bien évidemment, ce ne sont pas les deux minuscules heures passées à flâner à Ciudad del Este qui m’ont permis de découvrir quoi que ce soit. Je ne parle que d’un ressenti après avoir traversé très rapidement une partie de la ville, je ne prétends absolument pas la « connaître ».
Le soleil a fait son retour samedi matin, nous permettant de nous rendre du côté Argentin des chutes dans les meilleures conditions. Après avoir fait tamponner nos passeports –première sortie officielle du Brésil depuis le 1er octobre- nous avons suivi le flot de touristes visitant les chutes. La « Garganta del Diablo », première chute observée côté Argentin, est réellement impressionnante. A quelques dizaines de mètres on aperçoit la rivière, paisible. Et juste devant nous, chaque seconde, des centaines de milliers de litres d’eau coulent violemment dans un gouffre profond de 80 mètres. L’eau gronde, tourbillonne, frémi, l’énergie représentée par ces mouvements est spectaculaire.
Du côté Argentin des chutes d’Iguaçu, la transformation de l’état de l’eau sous nos yeux
Les 275 chutes d’eau d’Iguaçu s’étendent sur des kilomètres, déversant jusqu’à six millions de litres d’eau par seconde. Leur étendue donne l’impression que le fleuve « déborde » dans tous les sens. Les embruns provoqués par les cascades favorisent les arcs-en-ciel, ajoutant encore de la magie et des couleurs à cette zone de luxuriante végétation.

Un arc-en-ciel au milieu d’une importante végétation et de nombreuses cascades
Si la terre était plate, le « bout du monde » se trouverait sans contexte à Iguaçu. Je l’ai d’ailleurs approché de très près ce bout du monde. J’avais sous mes yeux une rivière et, d’un coup, plus rien. Du vide, juste du vide. C’est comme une grande marche de plusieurs dizaines de mètres…avant de tomber dans un nouveau monde…

La « marche du bout du monde », à Foz do Iguaçu en Argentine
Outre la violence de la nature, ce qui m’a émerveillé est le passage d’un état à un autre. Avoir en quelques mètres le calme et la furie des éléments. Ca m’est déjà arrivé, en naviguant, de voir les éléments naturels qui m’entourent se transformer. Mais cela prend toujours du temps, même si ça peut se compter en courtes minutes dans le cas d’un orage. Et la zone entière subit le même changement d’état. Alors qu’à Iguaçu, l’eau calme et l’eau bouillonnante et frémissante se côtoient au même moment.
L’autre chose impressionnante est l’étendue des chutes. Ce sont des centaines de cascades sur plusieurs kilomètres, avec des quantités hallucinantes d’eau qui s’écroulent chaque seconde.
La nature est impressionnante, sa force doit nous inciter au respect.
PS : j’ai ajouté deux albums photos dans la catégorie Paraná.
Até logo,
4 Comments
Effectivement, cet endroit parait (est) tout à fait magnifique ! Et, on a l’impression d’y être grâce à ton récit, tes impressions,… Merci ! 😉
Bizzzzzzzzz
Jolie photos et super récit 🙂 Trés interesssant
Le brésil va encore faire un bel album, sympa les photos!
C’est trop beau!!!
Nous sommes « just » tout petits! 🙂