Ce n’est pas évident d’écrire un article 6 mois après le voyage, mais « vaut mieux tard que jamais », donc je me lance…
Les Cariocas, et les Brésiliens en général, des classes moyennes et supérieures aiment beaucoup se rendre à Buenos Aires, « Bs As ». Même s’il existe une sorte de « rivalité » entre Argentins et Brésiliens, notamment en football, les Brésiliens apprécient beaucoup l’Argentine…et les Argentins sont très nombreux au Brésil, notamment à Ilha Grande ou Buzios, mais aussi dans le sud du pays. J’ai finalement mis plus de 3 ans à me rendre à Buenos Aires…et je ne regrette pas du tout d’y être allé.
Pour preuve que Buenos Aires tient une place spéciale pour certains Brésiliens, une amie m’avait envoyé près de 10 pages de recommandations et informations touristiques pour mon séjour à Bs As !
Principale ville d’Argentine –et seconde ville d’Amérique du Sud après São Paulo-, la capitale Argentine regroupe près de 13 millions de personnes avec l’agglomération. La ville est cependant bien étalée, je ne me suis en tout cas jamais senti étouffé. Mais il est étonnant de remarquer que près d’un Argentin sur trois habite dans le grand Buenos Aires.
Avant même d’ouvrir un guide de voyage, une brochure touristique ou lire les conseils d’amis, ce que j’aime lorsque j’arrive dans une nouvelle ville c’est prendre « la température » des lieux en me baladant au grès de mes envies, sans but précis. Je me laisse porter par le vent et lorsque j’arrive à une intersection, je prends n’importe quelle direction sans chercher à atteindre un lieu précis. De temps à autre je m’arrête, souvent dans un parc ou sur un simple banc, et observe la vie autour de moi. C’est tout bête, mais souvent très intéressant, il se passe tellement de choses dans la rue ! Me balader au grès de mes envies m’amène parfois dans des endroits connus et/ou touristiques, comme par exemple dans cette librairie El Ateneo Grand Splendid, dans le quartier de Recoleta.

El Ateneo Grand Splendid, ancien théâtre devenu un splendide café-librairie
Certains quartiers de Buenos Aires offrent des espaces verts agréables. Qu’il s’agisse de parcs ou d’une simple pelouse sur une place, on voit de nombreuses personnes s’y installer pour discuter entre amis, lire un bouquin, faire une sieste ou observer la vie autour. Les quartiers de Palermo, Las Cañitas et Belgrano offrent notamment de grandes étendues d’espaces verts, avec par exemple le Jardin Botanique.

Plaza de Mayo, avec la Casa Rosa au fond
La musique tient une place prépondérante en Amérique du Sud, et la « spécialité » de Buenos Aires est le tango. Je souhaitais découvrir cette danse dans un endroit typique, là où les Porteños (Portènes en français, les habitants de Buenos Aires) se rendent pour danser. Je me fais conseiller par des locaux et, n’ayant pas trouvé de compagnon de sortie, prends seul la direction du quartier Almagro. Vous savez, ces moments où vous êtes absolument sûr de ce que vous faites et, une fois sur place, vous vous demandez pendant quelques secondes ce qui vous a pris de vous rendre dans cet endroit ? Et bien c’est exactement ce qui s’est passé pour moi ce jour là… De stupides à priori m’avaient amenés à penser que je rejoignais un endroit chaleureux et accueillant. En arrivant devant l’adresse qu’on m’avait donnée, je me retrouvais pourtant devant un hall d’entrée plutôt inhospitalier. Hors de question de reculer maintenant, je paye le (faible) droit d’entrée et grimpe les escaliers. Je découvre une grande salle dans un état moyen, mais ce qui retient immédiatement mon attention est le rythme de la musique guidant les nombreux danseurs qui sont sur la piste. Lors de la première partie de soirée, des cours de tango sont proposés et l’ambiance est très sympa. Je vois très peu de débutants, ou alors ils se débrouillent vraiment très bien… En deuxième partie de soirée les danses sont libres et certains couples font de réelles démonstrations. C’est joli, en souplesse, harmonieux. Vu mon niveau de danse, je reste à l’écart de la piste, et je rencontre rapidement des gens autour des tables. Il y a quelques rares autres étrangers, mais la soirée est vraiment locale. Je savoure cette ambiance, la musique, les danses…
Plus tard dans la semaine, je me rends à un spectacle de tango « pour touriste ». Toute autre ambiance !

Spectacle de tango à Buenos Aires, en Argentine
Ce samedi 06 avril, je retrouve Mariana, une Porteña rencontrée à Ilha Grande en janvier. Pouvoir visiter une ville avec l’un de ses habitants est toujours quelque chose d’intéressant, ça permet généralement de découvrir des lieux qui seraient restés inconnus dans d’autres circonstances. Après un tour dans le tout récent quartier Puerto Madero, nous nous sommes promenés dans San Telmo et le Centro.

« Puente de la Mujer » dans le nouveau quartier de Puerto Madero
La visite de San Telmo et du Centro est l’occasion de découvrir des endroits connus, mais aussi et surtout pleins de petites rues, boutiques, cafés, places et restaurants de quartiers où l’on sent la culture locale, où l’on voit les Porteños vivre leur quotidien. Le type de visite où vous ne voyez rien de « spécial », mais vous découvrez réellement la ville de l’intérieur, vous la découvrez vivre. Bref, le type de visite que j’affectionne particulièrement ! Je n’ai cependant que rarement des photos de ces endroits. Je les apprécie et m’y « imprègne » sans forcément avoir envie de les photographier. Ce n’est pas la première fois que je n’ai pas de photos d’un lieu que j’apprécie…et sûrement pas la dernière non plus.
La soirée est l’occasion de retrouver, en plus de Mariana, une autre Argentine rencontrée à Ilha Grande au mois de janvier, Carla. L’un de leurs amis, Facundo, nous rejoint. Je découvre alors le rythme Argentin : on se retrouve vers minuit chez Carla pour prendre un verre, avant de sortir à 1h00 ou 1h30 en direction des bars. Evidemment nous en testons quelques-uns avant d’aller danser un peu ; retour à l’auberge de jeunesse entre 5h00 et 6h00 du matin. C’est en tout cas une très bonne soirée avec des échanges très sympas…alors qu’on n’avait pas une seule langue commune à tous ! Certains parlaient espagnol et anglais, d’autre espagnol et portugais et moi anglais et portugais. Mais, et j’avoue que c’est la première fois que ça m’arrive, les trois Argentins ont, tout au long de la soirée, traduit l’intégralité des échanges pour que tout le monde puisse en permanence comprendre. J’avoue que c’est une attention de leur part que j’ai particulièrement appréciée, en général ce type de chose dure une heure ou deux avant d’être abandonné…

La Casa Rosa, siège du pouvoir exécutif Argentin, en journée
Le lendemain on prend la direction de l’endroit probablement le plus touristique de Buenos Aires : La Boca. Ce quartier situé près du port abrite de nombreuses personnes originaires d’Italie. Il s’agit d’un quartier pauvre mais prisé des touristes –les rues en sont pleines !– du fait des maisons colorées.

Les maisons colorées du quartier La Boca, à Buenos Aires
Les amateurs de football connaissent obligatoirement le Club Atlético Boca Juniors, situé comme son nom l’indique à La Boca et dont le stade –la Bombonera– est l’un des plus célèbres au monde. Il s’agit de l’un des plus grands clubs de foot au monde, tant par sa présence dans l’élite Argentine –qu’il n’a pas quittée depuis 1913– que par ses 18 succès internationaux. Le Club Atlético Boca Juniors est aussi le dernier club fréquenté par Maradona avant qu’il commence à jouer en Europe en 1982 ; c’est également le club dans lequel El pibe de Oro termine sa carrière. Son dernier match a d’ailleurs lieu contre le grand rival du Club Atlético Boca Juniors, il s’agit du Club Atlético River Plate, également créé à La Boca (en 1901) mais qui a ensuite déménagé dans le quartier résidentiel Núñez regroupant des Argentins de la classe moyenne. Toujours est-il qu’un derby entre ces deux équipes au Bombonera le jour de notre visite à La Boca nous empêche d’y traîner trop longtemps… Si le sujet vous intéresse, je vous conseille Looking for Buenos Aires, un intéressant reportage sur la rivalité entre La Boca et Plate River. Le documentaire est intéressant car il ne traite pas seulement du football, il montre surtout la place de ce sport en Argentine, notamment au cours de l’histoire du pays.

Et oui, moi aussi il m’arrive de poser comme un touriste, ici à La Boca
Le fait d’avoir du temps pour visiter la capitale Argentine me permet de continuer à déambuler au grès de mes envies. Après quelques difficultés à cause des horaires restreints, je visite la Casa Rosa (Maison Rose, en français), le siège du pouvoir exécutif argentin, c’est-à-dire le Président de la République (actuellement la Présidente Cristina Kirchner). C’est étonnant et rare de visiter ces lieux là, en général il faut attendre les journées du patrimoine ! C’est en sortant en fin de journée que le nom Casa Rosa prend tout son sens, plus qu’en journée o c’est plutôt « Casa Salmón » !

La Casa Rosa, siège du pouvoir exécutif argentin, à Buenos Aires
Si vous allez à Buenos Aires, je ne peux que vous conseiller de visiter le Cemitério da Recoleta. Inauguré en 1822, il concentre un nombre impressionnant de célébrités Argentines, mais surtout son agencement et son fonctionnement en font un lieu étonnant et intéressant. La visite guidée, gratuite, permet de comprendre beaucoup de choses et d’apprécier davantage les lieux.
Que ce soit dans le Cemitério da Recoleta ou partout ailleurs à Buenos Aires –et probablement dans le reste de l’Argentine– on entend parler et on voit sans cesse des images d’Eva Perón, dite Evita. Née en 1919, elle a été élevée dans un milieu social défavorisé avant de se marier, en 1945, à Juan Perón qui deviendra Président d’Argentine un an plus tard. Malgré sa fonction de Première Dame, elle n’a jamais été déconnectée de la base ce qui lui permet d’être très populaire. La création d’une fondation à son nom et ses combats pour diverses causes ont également participé à cette popularité. J’ai été impressionné par son omniprésence et son importance aujourd’hui encore, plus de 60 ans après sa mort. Je ne me rappelle pas avoir déjà vu un tel phénomène autour d’une personnalité publique disparue depuis plusieurs décennies ; elle a également un musée à sa mémoire. Tout au long de ma semaine à Bs As, j’ai vu un nombre incalculable de photos et références à Evita et les amis Porteños m’en ont également naturellement parlé.
La visite du Teatro Colon (Théâtre Colon) reste incontestablement comme l’une des plus intéressantes. Inauguré en 1908, il mélange les styles néorenaissants italiens et néobaroques français. L’ensemble donne quelque chose de très joli et la visite guidée –que j’ai suivie en portugais pour sortir un peu du « portunhol »– permet de vraiment bien comprendre l’histoire du théâtre, et donc son architecture et ses différents agencements. Notre guide nous a également informés que la propagation du son dans cette salle d’opéra est l’une des meilleures au monde, devant l’Opéra Garnier à Paris. Il me reste à effectuer la visite Parisienne pour être en mesure de comparer…

Photo de l’intérieur du Teatro Colon, à Buenos Aires
Au cours de mon séjour, j’ai indéniablement perçu le côté latino de Buenos Aires, que ce soit à travers de la musique, des habitants ou de la culture d’une manière générale. On sent malgré tout un côté très Européen –ce qui est logique avec l’histoire du pays-, j’ai à plusieurs reprises eu l’impression d’être à Paris ! Certains cafés, des ambiances et les traits de certains Porteños m’ont rappelé la capitale française. Comme ce Café Tortoni, fondé en 1858 et dont le nom fait référence au café éponyme situé Boulevard des Italiens, à Paris, où se réunissait l’élite de la culture parisienne du XIXème siècle. Je trouve en tout cas que Buenos Aires n’a pas volé son surnom de « la plus Européenne des villes Sud Américaine ».

Le Café Tortoni, fondé en 1858, situé au 825 Avenida de Mayo à Buenos Aires
J’ai en tout cas vraiment apprécié cette semaine à Bs As, notamment car j’ai eu le temps d’en profiter, à mon rythme. Je n’ai évidemment pas tout vu, mais j’ai découvert des choses variées qui m’ont plu. Peut-être comme une transition en douceur avant mon retour en France, programmé deux semaines plus tard…
Hasta luego,
PS : j’ai ajouté des albums photos de Buenos Aires, n’hésitez pas à les consulter.
7 Comments
Argentine , un tas de choses à découvrir, des bels endroits à visiter tel Buenos Aires, des merveilleuses expériences à vivre telle danser le flamengo par exemple. Visiter l’Amérique est une opportunité à ne pas rater. Visiter le Cemitério da Recoleta est une chose indispensable c’est magnifique!
Fantástica reportagem – digna de publicação! Parabéns! A carreira de foto-jornalista foi considerada? Talento para isso não falta, bem como o gosto essencial pela viagem!
Muito obrigado Stephanie!!!!
De nada, Steph! É que realmente dá gosto ver algo feito por quem tem tanto gosto! Desejo a continuação deste blogue neste novo ano! 🙂
Bonjour, un grand merci pour l’exhaustivité de ton article! Même 6 mois après, on a quand même l’impression de te suivre tout au long de ton trip! Vraiment Captivant!
Une petite correction. La casa Rosa, s’appelle la Casa Rosada, en réalité!!!!!Mais éclairée comme ça fait plutôt penser à une maison close…LOL
Merci Mar pour la correction!